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Nos meilleurs films d’horreurs pour Halloween

Nous poursuivons notre mois Spécial Halloween pour vous proposer une liste non-exhaustive et pas vraiment objective des films plus ou moins d’horreur que nous apprécions beaucoup chez Madame Renard ! Si vous êtes à la recherche d’un film pour vous faire frissonner ou rigoler entre amis : cette liste est pour vous. Nous sommes en partie traumatisés par certains de ces films. Bonne découverte et n’hésitez pas à nous donner votre avis ou même d’autres films que vous avez adoré ! 

Les histoires de fantômes :

Conjuring : Les dossiers Warren

Un classique de ces dernières années mais qui, avouons-le, fonctionne toujours ! Une histoire d’esprits dans les années 70 avec un fond d’histoire vraie : Bref on adore. On y découvre l’histoire d’Ed et Lorraine Warren, couple d’enquêteurs paranormaux très célèbres, venus en aide à une famille terrorisée par une présence inquiétante dans leur maison perdue dans la campagne (forcément). Contraints d’affronter une créature démoniaque d’une force redoutable, les Warren se retrouvent face à l’affaire la plus terrifiante de leur carrière. Nous avons été agréablement surpris à plusieurs moments par ce film au scénario « commun » de premier abord. James Wan a su proposer un film intéressant, bien amené et à l’ambiance vraiment effrayante. On valide !

Le petit plus selon nous : l’ambiance travaillé des années 70 (costumes, décors, musique…)

Bande annonce – The conjuing : les dossiers Warren par James Wan

Les autres

Autre classique du genre mais dont on ne se lasse pas. « Les autres » porté en grande partie par Nicole Kidman, prend place en 1945 dans un contexte de fin de Seconde Guerre mondiale. Dans une immense demeure victorienne isolée sur l’île de Jersey, Grace, femme pieuse, attend son mari parti au front. Elle élève seule leurs deux enfants, selon les principes stricts de sa religion. Atteints d’un mal étrange, ces derniers ne peuvent être exposés à la lumière du jour. Ils vivent donc reclus dans un manoir qui doit constamment rester dans l’obscurité. Leur vie change quand le nouveau personnel de maison débarque.

Certains diront qu’il ne fait pas « si peur » que ça, et c’est vrai. Mais sans nous traumatiser, « Les autres » plante avec brio un vrai climat angoissant,  une sensation d’isolement et de désolation. Les personnages sont attachants et un twist de fin original. Un film à voir dans le calme pour en apprécier sa poésie selon nous.

Le petit plus : Nicole Kidman et son jeu juste et élégant.

Bande annonce – Les autres de Alejandro Amenábar

La dame en noir 

« La Dame en noir » est un film qui nous a vraiment surpris. Alors que l’on s’attendait à un énième film d’horreur sans charme avec un casting qui, sur le coup, ne nous avait pas emballé (Pardon Daniel, on t’aime), il faut reconnaître que nous nous étions bien trompés : On a flippé grave. On y découvre l’histoire Arthur Kipps, jeune avocat, veuf et triste, chargé de régler la succession d’une cliente récemment décédée. Il s’installe alors seul (et bien courageux) dans l’immense manoir de cette dernière. Il va bientôt découvrir des signes étranges et lever le voile sur des secrets enfouis dans ce village.

L’ambiance est terrifiante et même si on s’attend à certains screamers, on se laisse prendre dans l’histoire et on se fait avoir comme des débutants. A voir entre potes pour crier et broyer le bras de son voisin ! Très clairement, un film d’épouvante qui fonctionne très bien sur les âmes sensibles telles que nous.

Le petit plus : TOUS les enfants de ce film sont absolument flippants

Bande annonce – La dame en noir de James Watkins

L’orphelinat 

Madame Renard, elle-même, adore ce film ! On vous attend d’ici dire « oui mais c’est pas un vrai film d’horreur ». C’est vrai ! Mais si vous avez une imagination débordante comme nous, il vous suffira sans aucun doute à vous mettre mal et vous faire peur pour toute la nuit. Vous le savez sans doute, mais les réalisateurs espagnols sont souvent très doués pour les films d’horreurs et fantastiques. Et bien « l’orphelinat » ne fait pas exception à la règle, mêlant scènes bien flippantes, drame émouvant et ambiance lyrique par moment.

C’est l’histoire de Laura qui a passé son enfance dans un orphelinat, entourée d’autres enfants qu’elle aimait comme ses frères et sœurs. Adulte, elle retourne sur les lieux avec son mari et son fils de sept ans, Simon, avec l’intention de restaurer la vieille maison et d’en faire un lieu d’accueil pour enfants handicapés. La demeure réveille l’imagination de Simon, qui commence à se livrer à d’étranges jeux avec « ses amis invisibles ». Le jour de l’inauguration du nouvel établissement, Laura laisse Simon seul et va s’occuper des invités. Pendant la fête, elle retourne voir Simon et s’aperçoit qu’il a disparu.

Le petit plus : Une histoire autant effrayante qu’émouvante.

Bande annonce – L’orphelinat de Juan Antonio Bayona

Les improbables

La cabane dans les bois 

Changement de registre. « La cabane dans les bois » est surement le film le plus «  WTF » que nous avons regardé récemment. Sorti en 2011, nous étions complètement passés à côté à l’époque. Alors que nous tombons dessus un jour, on s’est laissé complètement entrainé dans ce film. Pourquoi ? Bon déjà, c’est un bon petit slasher comme on adore. Parfait pour Halloween et se marrer entre potes devant les scènes improbables et un peu gores qui se succèdent.

Le plot est simple : Cinq amis partent passer le week-end dans une cabane perdue au fond des bois. Ils n’ont aucune idée du cauchemar qui les attend, ni de ce que cache vraiment la cabane. Une histoire classique où vous n’avez pas fini de dire « MAIS QUI FAIT CA ? », « MAIS NE VA PAS LA BAS », « IL SERA LE PREMIER A MOURIR ». En revanche, passé les codes classiques du genre, et sans vous spoiler, ce film a réussi à nous surprendre avec un retournement de situation improbable – il n’y a pas d’autres mots. Clairement, on avait pas anticipé ça mais ce qu’on peut vous dire : le film part clairement en cacahuète et n’a plus rien à voir avec un slasher classique.

Le petit plus : Un film pas forcément renversant mais qui s’amuse des codes des films d’horreurs alors qu’on s’attendait à une histoire super cliché.

Bande annonce – La cabane dans les bois de Drew Goddard

The crazies

Parce qu’il nous fallait bien une histoire de zombies dans ce classement, on a choisi de ne pas mettre « REC » que tout le monde a vu, au profit de « The Crazies ».  Un petit film d’horreur sympa qui ne changera pas votre vie mais vous fera frissonner et sûrement sursauter à plusieurs reprises !

Le film se passe dans une petite ville de l’Iowa alors qu’une maladie inconnue se répand. Elle provoque des accès de folie furieuse et de graves troubles neurologiques. Le shérif va tenter de se s’en sortir accompagné d’autres personnes non infectées, en attendant les renforts. Mais quand l’armée américaine arrive enfin, c’est pour mettre la ville en quarantaine, quitte à tuer ceux qui tentent de s’échapper du centre de rétention médical. Bref tous les éléments y sont pour passer un moment sympa et serrer la main de son voisin jusqu’au sang ! Les codes sont là et on flippe sans pour autant dormir avec la lumière allumée pendant 3 semaines.

Le petit plus : la « folie » des infectés, franchement on est sur un gros level de taré prêt à tout pour faire un carnage

Bande annonce – The crazies de Breck Eisner

The visit

« The Visit », c’est déjà un film de M. Night Shyamalan. Alors on sait avec lui c’est soit très bon soit pas jojo. Mais sur ce coup-ci on est mi-figue mi-raisin mais quand même il fait son taff pour nous faire peur. Après s’être brouillée avec ses parents, voilà quinze ans, Loretta a coupé les ponts et ne les a plus revus. Grâce à Internet, ces derniers retrouvent la trace de leur fille, devenue mère de deux enfants, et demandent à accueillir leurs petits enfants pendant une semaine dans leur ferme isolée (forcément hein ça peut être dans un appart en pleine ville) ; Loretta accepte. Les deux enfants arrivent donc dans la maison d’enfance de leur mère, mais très vite papy et mamie ne semblent pas très bien dans leur assiette…

Clairement un autre film improbable qui nous a été donné de voir. En effet, si le grand mystère du film est très vite compris et prévisible, le film nous  a surpris sur d’autres aspects. Les deux grands-parents sont réellement flippants et on devient très vite paranoïaque avec les enfants. Filmé comme un documentaire réalisé par les enfants, l’effet angoissant de ces deux gosses piégés dans la campagne a bien fonctionné ! Big up à ceux qui l’ont vu et à une scène en particulier qui nous a vraiment dégoûté…

Le petit plus : Contre toute attente, le film est parfois drôle avec un humour juvénile et décalé qui fait du bien dans un scénario comme celui ci. On a kiffé les enfants qui jouent super bien !

Bande annonce – The visit de M. Night Shyamalan

Trick’R treat

« Trick’R Treat » est un alien sorti en 2007. Le scénario tient sur une ligne : « Le soir de Halloween, dans une ville, ceux qui ne suivent pas les règles de cette fête le font à leurs dépens… » Retrouvez ainsi pendant 90 mn différentes histoires courtes (d’horreur) ayant pour sujet les habitants d’une même villes et leurs destins différents le soir d’Halloween. Si vous aimez les films courts, funs et originaux, alors vous ne serez pas déçu avec celui-ci ! ça change de l’ordinaire, on frissonne, on rigole et surtout on est surpris par l’enchainement des histoires et les liens subtils qui les relient entre elles ! « Trick’R Treat » rappelle un peu les histoires qu’on se racontait pour se faire peur en colo ou entre amis quand on était enfant. Un bon petit film purement d’Halloween pour regardez chez vous le 31 ! Ambiance bonbons, pop-corn et soda et vous avez une soirée parfaite et bien dans le thème avec ce film.

Le petit plus : Le format court pour un film et les mini-histoires, parfait pour une soirée, c’est énergique et ça change.

Bande annonce Trick ‘r Treat de Michael Dougherty 

Triangle

« Triangle », avait pout être un navet. Sorti direct en DVD, inconnu au bataillon, casting improbable et pourtant ! Ce film nous a conquis justement parce qu’on ne s’attendait pas à une histoire de ce genre. Le scénario est simple : Nous suivons les péripéties d’un groupe d’amis partis explorer le Triangle des Bermudes à bord d’un voilier. Après avoir rencontré une tempête énorme, leur bateau coule à pique, les laissant comme naufragés sur un bout de coque à la Titanic. Ils trouvent alors refuge sur un navire gigantesque et apparemment abandonné, comme si le temps s’était arrêté. Pourtant, ils ressentent une étrange sensation de déjà vu et réalisent très vite que quelque chose d’hostile les guette…  Mais méfiez-vous des apparences !

Si vous vous attendez (comme nous à l’époque) à un film d’horreur sur le triangle des Bermudes, passez votre chemin. Sans vous spoiler, « Triangle » est un film IMPROBABLE du début jusqu’à la fin qui vous retournera le cerveau sans aucun doute. Nous nous sommes laissés prendre au jeu de ce scénario tarabiscoté et nous avons échafaudé des théories pendant pas mal de temps. La sensation de traque est là, on flippe, on sue avec eux et les surprises sont au rendez-vous ! (Il est même dispo sur Youtube en entier)

Le petit plus : Le style bateau abandonné vintage, fait vraiment flipper. Un petit air de « Shining » mais sur la mer !

Bande annonce – Triangle de Christopher Smith 

Les Huis Clos

Alien, le huitième passager

Bon, peut-être un peu attendu, mais Madame Renard ne serait pas ce qu’elle est aujourd’hui si elle ne vous parlait pas de la Saga Alien, très chère à son cœur. Si vous n’avez pas vu les Aliens, au moins le premier, sorti en 1979 et film culte de ce genre, alors on vous les conseille ! (Sauf si vous détestez les films dans l’espace, avec des aliens).  Pour ceux qui sont vraiment passés à côté : Le film se passe dans l’espace durant le voyage de retour d’un immense cargo spatial en mission commerciale, ses passagers plongés en hibernation, sont tirés de leur sommeil dix mois plus tôt que prévu par l’ordinateur de bord. Ce dernier a en effet capté dans le silence interplanétaire des signaux sonores et les astronautes ont l’obligation de prospecter tout indice de vie dans l’espace. Le retour n’est donc pas pour toute suite. ET LA SUITE CA VA PAS ETRE JOJO POUR EUX.  

Alors oui, on sait, « Alien », c’est vieux donc les effets spéciaux sont parfois un peu vintage, le rythme est lent etc.… mais c’est justement ce qu’on adore. Une mise en scène brillante, une tension montante, une menace qui plane de plus en plus et cette affreuse bébête qui fait super peur ! Sérieusement, si vous aimez cette ambiance pesante, et ce côté chasse à l’homme en huis clos alors très clairement, « Alien », c’est pour vous. Vous risquez de suer avec l’agent Ripley et de flipper de voir l’Alien à chaque détour d’un couloir.

Le petit plus : Sigourney Weaver qui est beaucoup trop badass !

Bande annonce – Alien, le huitième passager de Ridley Scott

Shining

Il est très clairement probable que la plupart d’entre vous ai déjà vu Shining. Film d’épouvante culte tiré lui même de l’oeuvre de Stephen King et adapté par Kubrick : il est repris, parodié, cité, dans un nombre incalculable de films encore aujourd’hui (ou de livres). C’est pourtant l’occasion en cet Halloween de le découvrir ou de le redécouvrir ! Shining raconte l’histoire de Jack Torrance, qui accepte un nouveau job de gardien d’un hôtel isolé dans les montagnes et fermé l’hiver (oui toujours plus). Il embarque alors sa femme et son fils, habiter là-bas pendant plusieurs mois, le temps pour lui d’écrire son livre. Mais cet hôtel semble de moins en moins accueillant… Danny, qui possède un don de médium, est effrayé à l’idée d’habiter ce lieu, théâtre marqué par de terribles évènements passés…

Sans aucun doute le plus flippant c’est Jack Nicholson lui-même qui joue parfaitement l’homme vrillé et potentiellement dangereux ! L’ambiance est vraiment effrayante et pas mal de scènes nous ont un peu traumatisées. Comme pour « Alien », la tension monte lentement jusqu’à devenir très vite insoutenable et nous plonge ensuite dans une traque violente et parfois surnaturelle.

Le petit plus : La musique et les effets sonores qui sont vraiment géniaux et mettent vraiment mal à l’aise

Bande annonce – Shining par Stanley Kubrick

The invitation 

Nous avons découvert The invitation sur Netflix après avoir débattu très longtemps de ce que l’on voulait voir. Film 100% à huis clos, on y suit l’histoire de Will, invité à un dîner chez son ex-femme et son nouveau mari avec des amis communs. Au cours de la soirée, les hôtes, parfaits en apparence, deviennent de plus en plus inquiétants. Si vous aimez les films d’horreurs sous haute tension plus que les films gores et bourrés de screamers, alors vous devriez apprécier. Si l’on sent que quelque chose de pas net se trame lors de ce diner (le malaise est clairement présent même du côté des spectateurs), il nous est en revanche impossible de réellement définir ce qu’il se passe jusqu’à la fin, où ça part clairement en vrille. On se laisse porter durant ce diner entre joutes verbales, moments flippants et un final bien violent. La moralité : méfiez vous des diners entre amis chez votre ex. Un huis clos haletant et bien mené, sympa pour une petite soirée d’Halloween, un verre de vin à la main.

Le petit plus : Le sentiment de paranoïa que l’on ressent une grande partie du film. Difficile de savoir si les doutes du héros sont justifiés ou si il est un peu excessif !  Bref, on adore cette ambivalence.

Bande annonce – The invitation de Karyn Kusama

Funny Games

Dernier film de notre classement pour Halloween, et celui-ci aurait très bien pu rentrer dans la catégorie des « improbables » également. « Funny Games » est un déferlement de violence gratuite sur une famille qui n’a rien demandé et ce par deux psychopates qui sortent de nulle part. Clairement, l’effroi est présent dans cette histoire. Au début, tout semble normal : Un couple et leur fils partent passer quelques jours dans leur maison de campagne. En passant devant la maison de leurs voisins, ils s’étonnent de la présence de deux jeunes hommes. À peine arrivés dans leur propre maison, l’un de ces deux jeunes vient leur demander un service. Jusque-là, ça va encore. Mais ce jeune, sous des airs très poli, suscite malgré tout  un certain malaise, d’autant plus qu’on ne comprend pas comment il a réussi à entrer dans la demeure. Et très vite ça tourne mal.  Si vous cherchez un film sadique et un peu dérangeant alors vous avez tapé à la bonne porte !

Le petit plus : On sait pas trop. Télérama a mis une bonne note sur ce film, et ça, ça nous en bouche un coin !

Bande annonce – Funny Games de Michael Haneke

Bonus hors catégorie : En série, on vous conseille la splendide série The haunting of hill house. Une jolie critique pour étayer notre propos : https://www.telerama.fr/series-tv/the-haunting-of-hill-house,-la-serie-horrifique-de-netflix-hantee-par-le-deuil,n5845033.php

Et si vous souhaitez jouer au meurtrier en vrai pour Halloween, retrouvez nos scénarios par ici :
Le chalet : https://madamerenard.com/le-chalet/
Les Noces de sang : https://madamerenard.com/les-noces-de-sang/
Les survivants : https://madamerenard.com/les-survivants/

Brèves histoires de paranoïa

« Comment j’ai cru vivre pendant 20 ans à côté d’un psychopathe »

A. , 25 ans, vit aujourd’hui à Montréal. Avant de partir outre-Atlantique, elle vivait dans une petite ville proche de Lyon. Passionnée, comme nous, de films d’horreurs et de mystères, A. revient aujourd’hui sur une histoire de son enfance. Une histoire de paranoïa et de voisinage qui a durée plus de 20 ans. Ce voisin habitait une maison délabrée, aux volets et aux fenêtres fermés en permanence. Le jardin y était en friche et cet homme très mutique ne semblait sortir de chez lui que pour aller au travail… Comportement étrange et peu avenant, il pouvait rester des heures au volant de sa voiture sans bouger, le regard fixe, avant de rentrer chez lui et il sortait chaque jour, des dizaines de sacs poubelles. Bref, une histoire qui commence comme un film d’horreur.

A. revient aujourd’hui  au micro de Madame Renard, pour nous donner sa version et s’interroger sur la définition de normalité.

Combien de temps as-tu vécu à cette adresse ?

Il s’agit de ma maison d’enfance, j’y ai vécu durant les 21 premières années de ma vie avec mes parents et mon petit frère, avant de quitter le nid familial pour les études.

Est-ce que ce voisin habitait là avant tes parents et toi ?

Personne ne sait vraiment depuis quand il occupait cette maison, la zone ou on habitait était assez peu résidentielle, avec principalement des locaux d’entreprises. Nos rares voisins étaient un couple de retraités arrivés quelques années après mes parents, et une famille qui habitait plus loin dans la rue. On suppose qu’il a toujours vécu ici.

Quand as-tu commencé à avoir peur de lui ? Est-ce que tu as un souvenir précis enfant ?

Je devais avoir 8-9 ans, on jouait au basket devant la maison avec mes cousins, et le ballon a malencontreusement traversé la rue pour atterrir dans le jardin du voisin. Aucun de nous n’a osé enjamber le portail ou même sonner pour demander à le récupérer, et on a fini par rentrer.

Je me souviens avoir regardé par la fenêtre avant de me coucher, j’apercevais le ballon dans la nuit, il était toujours planté au milieu de sa pelouse. Le lendemain matin, plus aucune trace du ballon … J’en avais parlé à mon père, qui était allé sonner chez le voisin le lendemain pour lui demander s’il avait récupéré notre ballon. Lorsqu’il est revenu, il nous a annoncé que le voisin n’avait jamais vu de ballon sur son terrain. Je me suis toujours demandé ce qu’il avait bien pu en faire.

Est-ce que tu as commencé à psychoter quand tu as commencé à regarder des films d’horreur ou c’était avant ?

Ma consommation accrue de films d’horreur a certainement alimenté ma psychose de ce voisin, mais d’aussi loin que je me souvienne ce type m’a toujours foutu les jetons ! Avec sa maison tout décrépie et ses vitraux au rez-de-chaussée, son jardin en friche et son grand portail en fer tout rouillé … Le cliché de la maison hantée, quoi.

Est-ce que tu peux nous parler de ce voisin et notamment de ce qui te fais peur chez lui ?

C’était un homme d’une cinquantaine d’année, sans aucune distinction physique particulière, un vrai monsieur-tout-le-monde. Il roulait dans une vieille Peugeot 205 vert clair avec une carrosserie toute abimée, la même durant les 20 années ou on l’a eu pour voisin. Tous les jours de semaine, il partait aux alentours de 7 heures le matin – pour aller travailler ou kidnapper des gens, je ne saurais dire – et revenait sur les coups de 18 heures. Il se garait juste devant son portail, alors qu’il disposait d’un grand garage, ce qui soulève tout de même quelques questions … Et puis il gardait ses volets constamment fermés, été comme hiver.

Le peu de fois où je l’ai vraiment croisé, il se montrait tout à fait cordial et souriant, en apparence rien qui puisse éveiller le moindre soupçon. Mais il y avait quelque chose d’indescriptible dans son attitude, dans son regard, qui me mettait extrêmement mal à l’aise. Il me donnait l’impression de porter un masque en permanence, avec ce sourire forcé et des petits yeux perçants qui faisaient froid dans le dos.

Quels sont les pires scénarios que tu as imaginés ?

On parlait de films d’horreur tout à l’heure, et bien j’ai été profondément marquée par le film Paranoïak avec Shia LeBeouf (très bon thriller, par ailleurs). Le héros épie son voisin, qui semble tout ce qu’il y a de plus normal, et *spoiler alert* s’avère être un bon gros psychopathe qui enterre des cadavres dans son sous-sol. Je crois que ça a éveillé en moi une réelle paranoïa justement, car je retrouvais beaucoup de similitudes entre le personnage de fiction et mon cher voisin … J’imaginais des trucs déments, comme une cave aménagée en salle de torture ou ce genre de délires atroces à la SAW.

Et c’est là que tu as décidé de mener l’enquête ?

Exactement, un peu comme Shia LeBeouf en fait. Je me suis investie d’une mission : déterminer si mon voisin était bel et bien un psychopathe ou si j’étais juste complètement parano. Du haut de mes 14 ans, j’ai usé de toutes les ressources à ma portée pour mener à bien cette enquête. J’ai commencé par noter ses allées et venues dans un carnet, puis j’ai piqué des jumelles à mon père pour observer toute activité qui semblerait suspecte. J’ai réussi à embarquer ma meilleure amie dans cette galère, la seule personne qui ait cru en mes théories fumeuses à l’époque. On a passé pas mal de soirées pyjama à se relayer au poste d’observation pour ne rien manquer. L’un de nos constats est qu’il sortait tous les soirs plusieurs sacs poubelles – beaucoup d’ordures ménagères pour quelqu’un qui vit seul … J’étais même allé fouiller quelques fois pour voir ce que contenaient ces sacs, mais pour la plupart, c’était de vieux journaux ou des mauvaises herbes. Ce qui est d’autant plus louche, c’est qu’en 20 ans il n’a absolument jamais entretenu son jardin. Mais je crois que le moment le plus flippant, c’est lorsqu’un soir j’observais la maison seule : la lumière d’une lampe filtrait à travers les volets de l’étage, et d’un coup une silhouette est passé furtivement derrière les volets, alors que j’avais vu le voisin partir en voiture quelques instants plus tôt ! Je me suis figée, en me demandant si je commençais pas à avoir des visions, mais j’étais certaine d’avoir vu quelqu’un. Evidemment quand j’en ai parlé autour de moi, personne ne m’a crue, et je n’ai plus jamais revu de silhouette étrange.

Est-ce que tu as eu l’occasion de lui parler lors de tes investigations?

Oui une fois, avec d’une de mes meilleures potes on l’a appelé en numéro masqué. Elle s’est fait passer pour une télé-enquêtrice, et lui posait des questions bidons du type « quel âge avez-vous », « êtes-vous le seul membre de votre ménage », et il répondait de manière tout à fait normale et détachée. C’était d’autant plus frustrant qu’on aurait juré qu’il savait qu’on lui tendait un piège, ça sonnait faux et en même temps il était convaincant dans ce rôle du mec au-dessus de tous soupçons.

En dernier recours, j’ai été jusqu’à demander à ma tante, employée aux services publics, de rechercher son nom dans la base de données, prétextant que c’était le père d’une copine qui avait des soucis pour obtenir ses aides financières. Rien d’intéressant n’en est ressorti, et malgré des doutes subsistants je me suis résolue à laisser tomber.

Est-ce que tu en as fait part à tes parents ? Quelle a été leur réaction ?

De mes deux parents, ma mère était la plus réceptive a mes soupçons – mon père ayant toujours été d’un naturel ultra-pragmatique. Elle était d’accord sur le fait que ce type était franchement bizarre, voire flippant. Quand je leur ai dit que j’avais vu du mouvement a l’étage alors que le voisin n’était pas chez lui, ils cherchaient des explications rationnelles, comme « il héberge peut-être un proche, sa mère par exemple ». Quand bien même ça aurait été le cas, la personne en question aurait sans doute

Je ne leur ai jamais parler de mon enquête, pour ne pas les inquiéter, et puis parce que je n’ai jamais réussi à obtenir le moindre élément probant pour appuyer ma théorie.

A ton avis, pourquoi est-ce qu’il te faisait si peur ? Est-ce qu’avec du recul du trouves ça rationnel ?

Les peurs sont souvent irrationnelles, et celle-ci n’y fait pas exception. Pour autant, je reste persuadé que les Humains sont dotés d’un sixième sens face au danger, une sorte d’instinct de survie hérité du monde animal. Et clairement, mon sixième sens me disait de me méfier de ce type !

Bref, cette peur a toujours été bien présente, pour des motifs assez peu rationnels, et elle me suit encore un peu aujourd’hui puisque mes voisins actuels ne m’inspirent aucune confiance (mais je ne les surveille pas tous quand même).

Est-ce que tu pourrais dire que finalement cette histoire est devenue amusante, ou est-ce que vraiment tu en gardes un mauvais souvenir ?

Mes parents ont déménagé depuis, mais la légende du voisin psychopathe perdure et fait bien marrer mes proches. J’avoue que je préfère le prendre à la légère aussi, en me disant qu’il est plus probable que mon imagination d’ado ait pris le dessus sur la réalité, et que cet homme est juste un peu bizarre au regard de nos critères sociaux.

N’empêche, personne ne pourra m’enlever l’idée que les plus grands psychopathes sont ceux que l’on ne soupçonne le moins, et une partie de moi espère que quelqu’un finira par découvrir son terrible secret. Et ce jour-là, je pourrai dire a tout le monde: JE LE SAVAIS !

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Nous avons tous des critères subjectifs de ce que nous trouvons « normal ». C’est pourquoi il serait sans doute impossible de donner une définition universelle de la normalité. Mais à bien considérer les choses, dans chaque histoire de paranoïa, on se demanderait presque de quel côté se trouve la folie et le comportement étrange… Pardon A. !

[APPEL À TÉMOINS] Vous pensez aussi vivre à coté d’un psychopathe ? Vous avez vécu une histoire similaire ? Ou une expérience étrange, paranormale, flippante ? Vous avez regardé trop de films d’horreurs et vous ne pouvez vous empêchez de penser aux pires scénarios ? Vous avez envie de la raconter et de partager avec nous votre histoire ? Ecrivez-nous à : contact@madamerenard.com ou via les réseaux sociaux ! Nous serions ravis de l’écrire pour vous sur notre blog.

On a poussé les portes de Sensas à Lyon

Sensas est une nouvelle expérience interactive, basée sur les 5 sens, nichée dans le secret 7ème arrondissement de Lyon. Rue tranquille et discrète à l’abri de l’agitation, nous sommes tous surpris d’être déjà arrivés. Façade sobre et mystérieuse, nous avons hâte de rentrer.

Dimension fun

A la croisée des chemins entre Fort Boyard et un escape game, les amateurs de fous rires et de bonne ambiance ne seront pas déçus. Au programme ? Nous n’allons pas vous en dire beaucoup, pour ne pas vous spoiler l’expérience (et éviter de nous mettre à dos leur direction).

Organisé comme des épreuves pour vos sens, à réaliser en équipe, le fun est au rendez-vous et on ne s’ennuie pas.

Très vite, nous sommes pris en charge par Hugo, notre animateur pour toute la durée de l’expérience. Et s’il lit cet article : Encore merci pour son dynamisme et sa gentillesse !

Dimension sociale

Le fonctionnement est simple : résoudre des défis en équipe et gagner des amulettes au profit d’une Association, Les p’tits rubans bleus. Par la suite, ces amulettes sont converties en dons par Sensas. Un excellent moyen de nous donner envie de nous dépasser avec un objectif faisant sens. Plus il y a d’amulettes ramassées, plus d’argent est récolté pour l’Association, tout au long de l’activité. Une démarche originale et novatrice qui nous a beaucoup plu.

Dimension familiale

Pour conclure notre propos,  Sensas est pour nous une parfaite activité familiale, à faire avec des plus jeunes. Ces défis amuseront petits et grands et le niveau de difficulté est adapté aux familles. Chacun pourra trouver chaussure à son pied grâce à des épreuves variées.

Les plus :

  • L’accueil et le maitre du jeu
  • Les décors et  l’ambiance bon enfant
  • La dimension sociale
  • La séance photo

Ce qu’on aurait aimé :

  • Des expériences sensorielles un peu plus surprenantes / déstabilisantes notamment pour les groupes d’adultes
  • Un peu plus de temps sur certains défis
  • Les décors des salles de défis encore plus immersifs

Les Survivants – Prequel

« Au commencement, nous étions presque 8 milliards à vivre ici. Aujourd’hui, en 2040, qui sait combien il en reste ? 1 ou 2 milliards ? 5 milliards ? Les sociétés de sondages n’existent plus. Plus rien n’existe. La terre est morte, la vie d’avant avec. Il ne reste que nous, des survivants. 

Une putain de fin du monde. »

Jour 1096 – Journal d’une survivante – Amy Wang

                 Depuis déjà 10 ans, on avait atteint le point de non retour. Celui que personne ne voulait voir. Alors on a continué comme ça, tête baissée. En ignorant ce qui était en train de se passer sous nos yeux : l’épuisement des ressources, le manque d’eau, les terres inexploitables, la poussière…

                 Lorsque les gouvernements ont commencé à prendre des décisions, personne n’aurait pu être sauvé. Alors, ils ont créé des virus. Des virus mutants et puissants permettant de rendre plus robustes nos plantations et nos ressources. Mais c’était sans compter une chose : « La vie trouve toujours un chemin ». Comme avait l’habitude de le dire un héros d’un film des années 80 que j’adorais quand j’étais jeune. Dans ma vie d’avant.

                 Bref, un de ces virus « nouvelles générations » a muté et a commencé à contaminer l’Homme et alors, nous n’avons rien pu faire. Tout s’est passé si vite. Les gens ont commencé à devenir fou. Le point de départ, c’était Paris. Mais c’était loin, alors personne n’y a vraiment cru. Les virus, les épidémies, y en avait déjà eu depuis des années et des années. Mais c’est toute l’Europe qui a fini par tomber. On parlait de dizaines de milliers de morts. Ensuite, ça a été le tour de l’Afrique du Nord, l’Asie du Sud-Est, l’Afrique noire, l’Australie, l’Amérique latine et les USA et petit à petit, il ne restait plus personnes.

                 Puis c’est arrivé chez nous. La première fois que j’en ai vu un, j’ai compris qu’il s’agissait d’un présage de mort et que mon temps était compté. J’étais avec ma femme et ma fille, Amy. Elle n’avait que 15 ans. Je rentrais chez moi après avoir fait le plus de courses possible, les informations martelaient partout à la radio qu’il ne fallait pas sortir, qu’il fallait garder des provisions et rester enfermé jusqu’à ce que l’armée viennent nous chercher et évacuer notre zone. Nul d’entre nous prenait encore réellement conscience de ce qui était en train de se passer.

                Mais la vérité m’a explosé au visage comme du M4 dans une station d’épuration. Je tournais à l’angle de ma rue quand je l’ai vu. Ma voisine, à genoux par terre, complètement hystérique et en pyjama. Elle était en train de manger son mari, éventré, à même le sol. J’ai soudainement eu une envie de vomir. Une nausée qui ne passerait plus jamais j’en étais sûr. Je ne sais pas ce qui m’a pris, la colère peut-être, l’adrénaline ou simplement la stupidité mais j’ai attrapé une barre de fer par terre et j’ai couru vers cette chose… et alors qu’elle tournait vers moi ses yeux blancs et vides, je lui ai fracassé le crâne avec une violence inouïe. Une partie de sa tête vola plusieurs mètres plus loin et je savais que cette immondice ne boufferait plus personne. De toute façon, elle avait toujours été une emmerdeuse dans le quartier avec ses pots de fleurs impeccables, son sourire condescendant et ses pétitions contre les chiens dans la rue. Elle avait eu une fin à la hauteur de ce qu’elle nous avait donné depuis des années !

                 Passé le choc de ce que je venais de faire (exploser le crâne de sa voisine : on ne fait pas ça tous les jours), je courus jusqu’à chez moi avec une seule chose en tête : ma fille et ma femme. On devait quitter ce merdier le plus vite possible. Les villes ne seraient bientôt que des lieux de désolation et de carnage.

                 J’ouvris la porte. Ma femme avait toujours été plus courageuse que moi et certainement plus rapide. Elle avait toujours deux coups d’avance sur le monde entier et cette fois encore, je savais qu’elle serait à la hauteur, plus que n’importe qui. Elle avait déjà anticipé ce que j’allais lui dire et avant même que je m’effondre sur le sol pour lui raconter ce qui en était en train de se passer dehors, elle me montra les sacs qu’elle venait de faire : la bouffe qu’elle venait d’empaqueter, les bidons d’eaux et surtout les armes. Nous n’avions pas d’armes à feux chez nous mais elle avait pris tout le reste : battes de baseball, couteaux de cuisine, outils de jardins… Tous ces objets du quotidien devenaient aujourd’hui nos biens les plus précieux.

– Il faut partir. Vite. Ce sont les seuls mots que j’ai réussi à lui dire avant de vomir.

– Je sais. Prépare la voiture, je descends les affaires. On va devoir prendre les petites routes. J’ai eu Max et Olivia au téléphone, ils sont bloqués sur l’autoroute et ils ne savent pas pour combien de temps.

– Où est Amy ?

– Elle finit de préparer ses affaires. Elle est très affectée, son amie Rosa… elle s’est faite mordre par son père… Je te laisse imaginer la suite.

– Dehors, ça va devenir une horreur. Les gens, même ceux qui ne sont pas infectés, ils vont devenir fou. Il faut qu’on passe inaperçu. Elle doit se couper les cheveux et toi aussi. Mettez des vêtements neutres et des casquettes.

– Et puis la voiture, ça va vite devenir un objet de convoitise. Il va falloir partir et se cacher. Mais où ?

– Chez tes parents, à la campagne. Pour le moment c’est notre meilleure option. Les zones isolées, avec le moins d’humains possible.

– Mais l’armée… ils ne nous trouveront…

– Oublie l’armée. Ils ne viendront pas ou alors ils nous parqueront dans des zones de quarantaine et quand les moyens financiers manqueront, ils nous abandonneront.

– Et pour nos familles ? On fait quoi ?

– Il va falloir économiser nos batteries… tu as pris les batteries externes de voyages ? On ne sait pas pour combien de temps encore on aura de l’électricité…

– Elles sont à bloc. J’envoie un SMS à ta sœur, mes frères et nos parents. Je leur dis de se retrouver chez mes parents d’accord ? Après ça, je coupe les téléphones pour la batterie.

– Il faut y aller.

– Alors allons-y.

                 Amy a coupé ses cheveux sans réfléchir. D’habitude elle pouvait partir en crise de larmes pour deux cm de trop chez le coiffeur. Mais aujourd’hui, elle les a coupé, comme une adulte, avec une maturité dans le regard déconcertante pour nous, ses parents. Alors qu’elle coupait ses précieuses mèches le plus court possible, j’ai vu l’innocence dans ses yeux s’éteindre petit à petit. Tout allait plus vite pour les adolescents. L’espace temps n’était pas le même. Et aujourd’hui, c’est comme si elle avait compris plus rapidement que nous qu’il n’y aurait plus jamais de retour en arrière. Elle a coupé ses cheveux, elle a fait son lit et elle a éteint sa chambre calmement avant de nous rejoindre. Peluches, photos, souvenirs, il a fallu tout laisser derrière nous.

                 Dans la voiture, personne ne parlait. J’avais mis des serviettes aux fenêtres. Je voulais la protéger encore un peu. Je ne voulais pas qu’elle voit ce qu’il se passe autour d’elle : les corps, le sang, les gens, les cris. Nous roulions doucement et nous essayions d’éviter les assauts de ceux qui voulaient monter dans la voiture. Nous prenions toutes les petites routes que nous connaissions.

– Ecoute moi Amy, lui lança sa mère d’un ton déterminé, si jamais tu te retrouves seule : tu ne dois pas essayer de nous chercher, compris ?

– Mais je ne serais pas seule.

– Ecoute-moi s’il-te-plaît. Ne retourne jamais en arrière C’est bien compris ? Trouve une ou deux personnes en qui tu as confiance et pars avec eux, allez vers la campagne mais ne restez pas en ville. S’ils ne veulent pas partir : laisse les et trouve quelqu’un d’autre. Tu dois trouver un endroit isolé et peu peuplé. D’accord ? Sois furtive et discrète. Habille toi comme un garçon et ne t’arrête jamais. Le mouvement, c’est la vie tu m’entends ? Ne reste jamais trop longtemps au même endroit. Car une fois la routine installée, tu perdras ta vigilance. Et tant que tu ne sais pas ce qu’il se passe ici : tu dois rester sur tes gardes.

– D’accord, je le serais.

– Quand tu arriveras dans un endroit nouveau : fouille le de fond en comble. Tu ne dois jamais te laisser surprendre. La moindre tente ou buisson ou sac, tu dois tout regarder, connaître absolument chaque terrain sur lequel tu vas. Promets-moi que tu feras tout ça.

– Je te le promets.

                 Je roulais au pas. Nous étions derrière l’hôpital. Proche du parking visiteur. On n’aurait pas dû passer par là mais étant psychologue ici, alors j’avais un pass d’accès. La zone de l’hôpital nous permettrait de contourner le centre ville et de gagner du temps. Mais je sentais qu’ici quelque chose ne tournait pas rond. Je lança à ma femme :

– Il se passe quelque chose ici.C’est trop calme. C’est un hôpital, les gens devraient tout faire pour entrer dedans… Elle savait comme moi que ce calme avant la tempête n’augurait rien de bon.

                 J’échangeai un regard inquiet avec ma femme.

                 Je déboulai sur le deuxième parking, celui proche des portes d’entrées et un étrange spectacle se dévoila sous nos yeux. Des dizaines de personnes à genoux, les mains en l’air. Certaines portant des blouses, d’autres non. Je reconnus des médecins, des patients… Devant eux, des militaires en combinaison intégrale, arme automatique au poing. Un homme un peu plus âgé en blouse blanche semblait essayer de discuter avec un des militaires, il lui brandit un appareil qui ressemblait à un thermomètre ou quelque chose dans le genre. Mais son interlocuteur ne lui répondit pas. Je sentais que je ne devais surtout pas m’arrêter mais je me retrouvai rapidement bloqué par un barrage.

                 Je m’apprêtais à sortir de la voiture pour demander ce qu’il se passait quand les détonations tombèrent comme des coups de fouets dans l’air. Les militaires tiraient et abattaient tous ceux qui étaient à genoux sous le regard médusé du médecin au thermomètre, qui finit par les rejoindre quelques minutes plus tard dans une mare de sang. Le temps s’arrêta et je restai médusé, incapable de réagir. Ils devaient être une centaine à genoux et là, plus personne, plus rien. Les militaires n’avaient pas hésité une seconde : ils en avaient eu l’ordre. Evacuation de la ville, mon cul ! Il s’agissait ici d’une exécution en bonne et due forme. Ils devaient être contaminés. Ils étaient sûrement contaminés. Je n’arrêtais pas de me répéter ces phrases dans ma tête comme un mantra pour légitimer ce que je venais de voir.

                Mes pensées furent soudainement arrachées par la voix de ma femme. Retour à la réalité. Elle hurlait et m’ordonnait de rouler. Tant pis pour le barrage, cria-t-elle.

-Il faut avancer coûte que coûte ! On doit passer. Ils vont nous faire la même chose !

                 Ni une, ni deux, j’appuyai sur le champignon et je fonçai dans les barrières. Ma fille derrière ne disait pas un mot. Elle a simplement soulevé la serviette et elle ne put détacher son regard de cette scène macabre. Je me disais qu’elle n’aurait jamais dû voir ça. J’avais beau foncer, je sentais la voiture partir sur le côté et je savais ce qu’il venait de se passer : ils venaient de tirer sur nos pneus. Ils ne voulaient prendre aucun risque et ils se rapprochaient de nous.

– SORTEZ DE LA VOITURE, hurla un des militaires, son arme déjà pointée sur nous.

– On n’est pas infecté, on n’est pas infecté ! On va sortir, lever les mains et on va leur dire ça ok ?

– Tu ne comprends pas, me répondit ma femme, lasse.  On n’aurait jamais dû être ici…

-Tu vas t’échapper, d’accord ? Avec Amy. Vous allez sortir de ce côté, vous vous baissez et vous allez courir sans vous retourner. Dans 500 m, vous aurez atteint le centre ville et vous serez noyées dans la masse.

Je lui donnais le sac d’armes et celui de nourriture. Un chacun à porter.

– Mais tu peux pas nous laisser ! Maman, dis quelque chose ! Tu dois venir avec nous ! Me supplia ma fille. Ça me déchirait le cœur mais j’étais sûr de moi.

-Amy, écoute-moi, si je peux, je vous rejoindrai et je vous retrouverai mais je dois les distraire pour que vous puissiez vous échapper. Gagner du temps, tu comprends ?

                 Ma femme ne disait rien car elle savait que j’avais raison. Si je ne m’étais pas proposé, elle l’aurait fait de toute façon. Je sortis du véhicule les bras en l’air pendant que mes deux femmes essayaient de sortir de l’autre côté.

– Je ne suis pas infecté ! Ne tirez pas ! On voulait juste quitter la ville. Je travaille ici, je suis psychologue.

– Monsieur, nous allons devoir procéder à un examen médical avant de vous laisser partir. Ordre du gouvernement.

– Tout ce que vous voulez.

                 Je commençais à m’avancer, presque rassuré : dès qu’ils constateraient que je n’étais pas infecté, je pourrai repartir. Mais alors, j’entendis crier. Une voix que je connaissais trop bien. Celle de ma femme. Je me retournai et je vis alors non pas un infesté, mais une bonne cinquantaine qui marchait vers nous et ma femme, prise au piège. Elle tentait de se débattre et de grimper à un arbre mais c’était trop tard, ils l’avaient déjà eu. J’hurlai, je pleurai.

                 Je ne voyais plus ma fille du regard. La fusillade des militaires avaient dû tous les attirer par ici. J’eus juste le temps de voir ma femme se faire attraper par une de ces choses lorsque je sentis la balle me transpercer. Les militaires avaient ouvert le feu dans le but de nettoyer la zone : vivants compris. Je savais que c’en était fini pour moi. Mais je devais tout de même m’assurer qu’Amy était en sécurité.

                 Le militaire qui m’avait tiré dessus venait de se faire bouffer dans la foulée par une de ces horreurs. Je récupérai son arme et je tirai sur tous les infestés que je voyais. Ça les attirait vers moi et ça permettait de les ralentir dès que je parvenais à les toucher. Je devais faire gagner du temps à Amy. Je tournais la tête une dernière fois la tête et je la vis rentrer dans le local poubelle de l’hôpital. Elle portait les deux sacs de sa mère. Elle tenait bien d’elle, ma fille c’était une guerrière. Je fermai les yeux pour une toute dernière fois avec la certitude qu’Amy était une survivante.

                 Je crois que je me suis évanouie tout de suite après avoir vomi. Sous une benne dans le local poubelle de l’hôpital. Mais pendant combien de temps ? Impossible à dire. Les bruits des balles avaient cessé, je n’entendais plus rien. Ni les militaires, ni les « zombies », plus rien. Mon père, ma mère, ils étaient morts. Je ne les reverrais plus jamais. Les larmes coulaient sur mon visage. C’est alors que la porte s’ouvrit. Je brandis un couteau de cuisine trouvé dans un des sacs. Mais les deux ombres qui venaient d’apparaître pointaient un pistolet dans ma direction.

– EST CE QUE TU ES INFESTÉE ? Me demanda l’ombre la plus importante.

                 J’avais tellement la trouille que je me pissai dessus mais j’arrivais quand même à dire non de la tête. L’ombre la plus petite vint vers moi. C’était une femme, elle était jeune et plutôt jolie. Elle portait encore sa blouse et je distinguais sur son badge « Jenny Lockwood ». C’était une infirmière.

– Il faut partir de l’hôpital. Tu veux venir avec nous ? Nous quittons la ville.

La deuxième silhouette se rapprocha. Il s’agissait d’un homme, plus âgé, dans les cinquante ans. Il me tendit sa main, froide et ferme :

– Je m’appelle Ben. Je suis médecin ici. Enfin, j’étais. Si tu veux partir avec nous, c’est maintenant ou jamais.

                 Jenny m’aida à me relever et je me rappelai ce que m’avait dit ma mère une heure avant dans la journée : trouver un autre groupe et partir d’ici, loin de la ville et toujours être en mouvement. Ni une ni deux, je rassemblai mes affaires et je me mis en route avec eux sans regarder en arrière. Je ne m’arrêterais qu’une fois que j’aurais tué le dernier de ces monstres sur terre.

« Jour 1 – Journal d’une survivante »

Le Chalet – Prequel

31/12/1967 – 17 heures

La neige avait commencé à recouvrir la ville de Bend, en Oregon, de son manteau blanc. La nuit était presque tombée. Toute la ville était en effervescence afin de préparer le réveillon de ce soir. « Le plus froid des dix dernières années », avait annoncé la météo. The Archies ou The Rolling Stones résonnait dans le peu de demeures occupées. En effet, la ville était déserte, la plupart des habitants était partie à la montagne pour les vacances, en famille ou entre amis.

Le Shérif Malone venait de terminer son verre de whisky sans glace. Assis à une table pour quatre Chez Pam, le bar du coin, le Shérif ne pouvait que contempler sa triste solitude pour un samedi soir. Et ce soir plus que n’importe quel autre soir, il ressentait son isolement. Pam allait bientôt fermer. Même une taulière d’une petite ville miteuse des USA avait le droit d’avoir des amis et une famille pour fêter le nouvel an. Le shérif remit son chapeau et ajusta son uniforme, il n’avait pas encore 40 ans et pourtant il avait l’impression d’avoir déjà vécu deux vies. Alors qu’il se levait, la porte s’ouvrit, laissant entrer deux adolescents à l’air arrogant et sûr d’eux. Il aurait pu les reconnaitre entre mille. Leur blouson respectif, l’un de football et l’autre de pom pom girl, ne trompait personne. A peine 18 ans et plus de confiance que lui n’en avait jamais eu. Ils avaient beau être des gamins, c’était plus fort que lui, Malone les détestait.

– M. Le shérif, le salua le jeune Kevin, accompagné d’un clin d’œil insupportable. Sa copine,

Veronica, habillée comme une femme de 30 ans, les atouts avec, ne le regardait même pas. Pas même un coup d’oeil. Il était complètement transparent, elle n’en avait que pour Kevin ou pour elle-même. Le monde ne devait tourner qu’à la vitesse de ses battements de cils. Autrement, le reste ne comptait pas. Même son statut d’autorité n’y faisait rien.

– Pam, je viens chercher ma commande, gueula le jeune homme sans tenir compte de sa présence.

Pam, avec sa délicatesse et son embonpoint, sortit des cuisines, transpirante et manifestement agacée d’être interrompue dans son fourrage de dinde pour ce soir.

– Tu as deux heures de retard, beugla-t-elle encore plus fort que Kevin.

– Désolé Pam, mais tu sais ce que c’est d’organiser une fête pour quinze personnes. On a eu des contretemps.

Pam sortit de derrière elle un immense carton de bières et le posa sur le comptoir. Kevin récupéra ledit carton et s’apprêta à sortir du bar, toujours accompagnée par son arrogante petite amie. Le shérif se racla la gorge, cette fois-ci, il ne laisserait pas passer.

– Un problème monsieur l’argent ? « Quelle connasse obséquieuse » pensa-t-il au moment même où Veronica finissait de prononcer ces mots avec sa voix qui ne tremblait pas d’un pouce.

– Je vous rappelle que vous n’êtes pas majeurs. Je ne peux pas vous laisser partir avec ce carton.

C’était un jeu de pouvoir, il le savait bien. Aucun des deux ados ne semblaient prendre la menace au sérieux.

– Mais Monsieur, ces boissons ne sont pas pour nous, bien sûr. Je viens seulement les récupérer pour mes parents et leur soirée. Vous devriez venir, ça leur ferait plaisir. J’ai d’ailleurs un mot de leur part pour attester de ma bonne foi.

Et voilà que ce dernier le regardait dans les yeux sans sourciller. Il se payait sa tête sans aucun scrupule.

– Très bien, dans ce cas vous ne verrez sans doute pas de problème à ce que je passe contrôler ce soir si tout va bien ?

– Bien sûr, vous serez reçu comme un roi.

Sur ces derniers mots qui se voulaient moqueurs bien évidemment, les deux adolescents sortirent du bar sans se retourner et disparurent dans un vrombissement de moteur trafiqué.

31/12/1969 – 18 :45

Finalement, Malone avait attendu la fermeture du bar. Quand Pam l’avait mis dehors, même elle avait eu un regard de pitié derrière le voile vitreux que tout le monde pouvait voir en général. Il aurait pu appeler sa sœur et demander à venir au dernier moment. Pour sûr qu’elle dirait oui mais franchement en avait-il envie ? La voir elle, son mari Don et ses trois enfants bruyants et sales ? Son bonheur mal affiché et ses meubles ringards ? Et puis soyons franc, il les avait déjà vu pour Noël et c’était bien assez. Il ajusta son manteau et se mit en route en direction de chez lui. La meilleure des décisions. Il longea la gare et s’apprêta à tourner à droite. Alors qu’il marchait un peu au radar, il croisa sur sa route Amy Parker, une gamine du lycée du coin qu’il connaissait bien. Plus jeune il était sorti avec sa mère. Une femme sympa et loyale mais qui n’avait pas bien tourné et tout le monde le savait. Depuis toujours, il s’était pris d’affection pour sa fille qui n’avait rien demandé. Elle portait une robe, un manteau en fausse fourrure blanche et un bonnet assorti. Elle semblait avoir froid. Elle n’habitait pas du tout dans les environs pourtant. Par ce temps et un 31 décembre, c’était étonnant de la voir dans ce coin de la ville.

– Amy, qu’est ce que tu fais là toute seule ?

– Je reviens du centre ville, j’étais partie faire des courses pour ce soir.

Elle ouvrit son sac et lui montra des paquets de confettis et des langues de belle mère à n’en plus finir.

– Il fait presque nuit noire et vu le froid de canard, tu devrais rentrer chez toi. Ta mère va s’inquiéter.

– Ma mère ? Elle est en vacances avec son nouveau mari à Cancun.

– Ah. Qu’est-ce tu fais ce soir alors ?

– Je ne sais pas, sans doute rentrer chez moi. Mais il y a une grosse fête chez les Sanders ce soir, alors je me disais que je pouvais tenter ma chance et y aller. Je n’ai rien à perdre.

– Amy, ces gamins ne sont pas de bonnes fréquentations, tu peux me croire ! Tu veux devenir une dépravée comme …

– Comme ma mère ?

– Ce n’est pas ce que je voulais dire, je suis sincèrement désolé.

Malone était terriblement confus, l’alcool l’avait complètement embrumé et voilà que lui, le shérif, venait d’insulter —ou presque— la mère de cette gamine. Bien joué, tiens !

– Si c’est précisément ce que vous vouliez dire. Mais soyez rassuré, vous n’êtes pas le premier.

Amy lui donna un coup d’épaule pour partir et ne le regarda pas une seule seconde malgré tous ses efforts pour s’excuser. Il la regarda s’éloigner dans la nuit d’hiver. Si elle tournait à gauche, elle prendrait la direction pour rentrer chez elle. Si elle tournait à droite, celle pour aller chez les Sanders. Il savait que la décision qu’elle prendrait serait dans tous les cas, sa faute. Un gamin qui passait par là, lui jeta une boule de neige au visage avant de s’enfuir en courant. Alors qu’il rouvrait les yeux, il savait qu’il avait merdé.

Amy venait de tourner à droite.

Les Noces de Sang – Prequel

« Lord Patrick Winter,

Lord Simon Carter et son épouse Lady Carol Carter,
Sont ravis de vous inviter le 20 juin 1921 à assister à l’union de leurs enfants Henry Carter et Esmée Winter.
Vous êtes conviés à participer à la messe de l’église anglicane de New-York et de les accompagner dans leur chemin d’amour vers Dieu.
Par la suite, Lord Simon et Lady Carol Carter vous invitent à assister aux échanges de vœux suivis d’un dîner placé sous le signe du bonheur et des projets futurs pour les deux familles des futurs mariés.
Réponse attendue avant le 17 avril 1921. »

                 Esmée venait de poser le faire-part à côté de son plateau de petit-déjeuner où tout avait été parfaitement disposé selon ses consignes : un œuf à la coque, trois tartines de pain, un peu de confiture de fraise et un café bien noir. Elle soupira. On venait de lui apporter l’invitation directement après que sa bonne soit allée les chercher chez l’imprimeur. Une centaine allait partir demain et sceller ainsi son destin. Et pourtant, elle n’avait pas encore passé une seule nuit dans la même chambre que son futur époux. Une inquiétude étrange ne la lâchait pas. Comment ferait-elle si ce dernier ronflait comme un sonneur de cloches ?

                 Elle termina son petit-déjeuner et revêtit en hâte une robe de chambre en pure soie et flanelle. Elle se regarda dans le miroir : Henry avait certainement pioché le gros lot. Il le savait et elle aussi. Le tout New-York avait voulu l’épouser : la belle et mystérieuse Esmée, au long cou, aux cheveux blonds et au regard de biche. Henry était tout autant un bon parti, bel homme, riche et ambitieux. Il avait eu aussi beaucoup de prétendantes avant de jeter son dévolu sur Esmée. Mais en même temps, la fin de l’histoire n’avait rien d’étonnant. C’était écrit depuis leur naissance : les meilleures avec les meilleurs. Il n’aurait pu y avoir d’autres fins que celle-ci. Avec son port altier et sa démarche légère, beaucoup de personnes pensaient qu’elle avait des origines européennes.

Esmée aurait dû être heureuse de ce mariage. N’était-ce pas ce qu’elle avait toujours voulu ? Ou ses parents ? Là n’était plus la question. Ce n’était pas le mariage en soi qui la contrariait. Une fête comme une autre. C’était l’après. Elle n’arrivait pas à enlever cet étrange poids qui pesait sur son estomac depuis des semaines. Quelque chose ne tournait pas rond dans tout ce cirque : les fleurs hors de prix, l’orchestre venu de Louisiane, le Chef Français, la vaisselle en porcelaine et la robe faite sur mesure. Dans tout ce défilé de luxe et d’opulence, elle sentait bien que quelque chose d’autre se tramait dans son dos. Elle pensait toute sa vie, et encore aujourd’hui, avoir su jouer toutes ses cartes correctement pour ne jamais perdre la face, toujours s’en sortir. Mais aujourd’hui, elle se demandait s’il n’y avait pas en face d’elle, un plus gros poisson.

                Elle ouvrit le tiroir de la table de nuit sur sa gauche et elle regarda encore une fois le petit mot qu’elle avait reçu, la veille, par coursier.

« Esmée, ma chère. J’ai besoin de vous parler d’une affaire urgente qui ne peut attendre. Avec toute ma sympathie, GM. »

                Esmée descendit les escaliers de sa maison comme une mante religieuse. Elle passa devant le portrait de sa défunte mère. Elle regrettait que cette dernière ne soit plus là pour assister à son mariage. Elle aurait adoré.

Elle ouvrit les portes et fonça en direction des cuisines.
Les domestiques en eurent la bouche grande ouverte de la voir ici, dans ce monde du rez-de-chaussée qu’elle ne visitait jamais.

– Willie, faites moi appeler une voiture au plus vite.
– Bien sûr Madame, où allez vous ?
– Chez Monsieur Montaigne. J’ai besoin d’échanger avec lui et de lui annoncer la nouvelle par moi-même.
– N’est-ce pas à Monsieur Henry de le faire, Madame ?
– Vous connaissiez les hommes Mildred. Ils sont lâches et se défilent. Si j’attends Henry, George l’apprendra en ouvrant son courrier dans quelques jours et je ne souhaite pas que son témoin fasse une syncope avant le Jour J.
– Ce pauvre garçon…
– Il trouvera quelqu’un d’autre, ma chère. Voyez comme il est beau garçon et gentil. Qui plus est je crois qu’il est déjà passé à autre chose, il a demandé à me parler. Peut-être des fiançailles ?

                 Esmée quitta sa domestique sur le perron de la porte d’entrée et remonta l’allée de la grande maison de son père jusqu’à la voiture qui l’attendait un peu plus haut. Sa mère lui manquait. La maison était bien vide depuis sa disparition des années auparavant.

                 Le chauffeur l’aida à monter dans le haut véhicule. Alors qu’elle glissait son deuxième pied fin et délicat dans la voiture, elle ne prit pas le temps de regarder de l’autre côté de la route. Si elle l’avait fait, elle aurait pu apercevoir une silhouette bien connue mais peu amicale, prête à tout pour ruiner ce mariage.